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Antonio ROMANI

? – 1768

On sait assez peu de choses sur ce ténor. Arrivé à Berlin en 1743 avec Felice Salimbeni pour se mettre au service de Frédéric le Grand, il semble qu'il y reste l'essentiel de sa carrière, tout comme bon nombre de ses collègues. Il prend donc part à nombre de créations de Graun, avec Molteni, Porporino, Salimbeni puis Astrua, Carestini... Romani incarne le rôle titre dans Catone in Utica et Lucio Papirio (1744), Demofoonte en 1746, et participe encore à Merope dix ans plus tard. L'attachement de Romani au Hofoper est patent, puisqu'à la mort de Graun en 1759, les commentaires rapportent : « alors qu'on portait en terre la dépouille du compositeur, Romani se tenait figé comme une allégorie de la douleur. »
On dit aussi que le ténor est très porté sur la bouteille et le libertinage. Un jour que le roi de Prusse assiste à une répétition et décide de monter sur la scène pour parler à ses chanteurs, Romani s'enferme dans le placard de la loge avec la bouteille qu'il buvait et le chapon qu'il dégustait, de peur que le souverain n'entre dans la pièce et ne le surprenne. Malheureusement, le placard s'effondre et c'est piteux et taché de vin que le ténor doit être délivré.
À l'époque de Gertrud Mara, en 1771, il n'est plus au service du roi, car la cantatrice évoque un ténor nommé Luigi Grassi, qu'elle juge remarquable. Cependant, il est toujours en poste en 1767, puisque le roi exige d'Agricola qu'il réécrive tous les airs du castrat Giovanni Coli et de Romani, après avoir assisté à la répétition d'Amore e Psiche. De fait, Luigi Grassi remplace Romani à la mort de celui-ci, en 1768 – sans plaire autant, cependant. Le dernier rôle de Romani aura été celui de Calchas dans Ifigenia.

Le poste de ténor à l'opéra de Berlin n'était pas particulièrement mis en valeur : le roi de Prusse s'intéresse quasiment exclusivement à la voix de soprano. Malgré cela, Romani réussit à se faire apprécier par un monarque habitué à congédier ses chanteurs en un clin d'oeil. Lorsque le Baron Pöllnitz avertit le roi de Prusse du décès du ténor, celui-là répond « J'ai reçu votre lettre de notification du 11 de ce mois du décès de Romani, et n'ai à vous dire en réponse que Mes chapons et poulardes en porteront le deuil. »
Il faut reconnaître que le chanteur était doué de capacités certaines, notamment d'une voix aiguë et agile (voir la vocalise ci-dessous extraite de Silla, avec volatines et trilles jusqu'au contre-ut).

Orfeo Plutone C.H. Graun 1752 Berlin
  T. Allen, Akademie für alte Musik Berlin dir. R. Popken – retransmission de représentations
Silla Crisogono C.H. Graun 1753 Berlin
  M. Süngü, Innsbruck Festival Orchestra dir. A. De Marchi – CD CPO 2023
Montezuma Teseuco C.H. Graun 1755 Berlin
  Enregistrement au choix
Merope Narbace C.H. Graun 1756 Berlin
> airs Ah che dovunque * Alle vendette * Mille oggetti di terrore Extraits : M. Vidal, Le Siècle des lumières dir. G. Martinez – captation de concert, Ferney-Voltaire 2016