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Leonora BARONI

1611 – 1670

dite L'Adrianella

Leonora est la fille de la célébrissime Adriana Baroni, étoile de Naples puis de la cour de Mantoue. La jeune fille bénéficie d'une éducation parfaite, à la cour des Gonzaga, et apprend le chant avec sa mère et se produit avec elle en 1630 à Florence et Gêne, avant que la famille ne s'installe à Rome. Bien vite, l'Adrianella dépasse le maître, et Leonora tient un salon où toute la ville se presse. Elle inspire les poètes, dont John Milton, qui succombe à son charme et lui dédie des vers latins. Tous ces hommages sont même publiés dans un recueil en 1639 !
Leonora BaroniL'accès des femmes à la scène étant strictement interdit et même très restreint en tant que spectatrices, Leonora mène essentiellement une carrière privée. Elle fréquente les Barberini et connaît le jeune Mazarin, habitué de son salon. Le cardinal est même soupçonné d'être son amant, et s'adresse à elle très affectueusement dans ses lettres. Lorsqu'il est installé à la cour de France, il fait bien entendu appel à son amie Leonora. Mais l'affaire est délicate : on accuse Mazarin d'avoir gagné les faveurs d'Antonio Barberini « par l'entremise d'une infâme comédienne-chanteuse qu'il avait débauchée à Rome. » La cantatrice s'entoure donc de précautions avant de se rendre à Paris, et préfère disposer d'une invitation formelle de la reine afin de « mettre son honneur au repos ».
Son succès est entier auprès de la reine, qui lui réserve un accueil chaleureux en 1644. Une partie de la cour, évidemment prévenue contre la chanteuse, ne manque pas de la critiquer ; à cela s'ajoute certainement un décalage de goût, car les accents passionnées de la chanteuse heurtent la mesure et la bienséance des Français. On suppose qu'elle chante notamment des musiques de Luigi Rossi, son ami.

Considérablement enrichie par les largesses d'Anne d'Autriche, Leonora Baroni rentre dans une ville de Rome en proie aux querelles de succession du pape Urbain VIII en 1645. Malgré une disgrâce passagère auprès du nouveau pontife, Baroni reprend son salon avec le même pouvoir d'attraction, qui ne fera que s'accroître jusqu'à sa disparition.

Étoile des salons, Leonora n'en était pas moins une chanteuse d'un talent réel. En 1639, un des joueurs de viole de Richelieu qui l'a entendue à Rome rapporte :
elle a le jugement fort bon pour discerner la mauvaise d'avec la bonne musique [...] Sa voix est d'une haute estendue, juste, sonore, harmonieuse, l'adoucissant et la renforçant sans peine et sans faire aucune grimace.