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Francesca GABRIELI

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dite la Ferrarese

Aussi [Gabrielli]

Cette chanteuse a souvent été confondue avec deux autres artistes plus ou moins contemporaines, encore aujourd'hui : d'une part la soprano Adriana Ferrarese (souvent faussement nommée Gabrieli), d'autre part la mezzo-soprano Francesca Gabrielli, partenaire fréquente de Caterina Gabrielli.
Si la confusion avec la seconde s'explique par le patronyme, l'assimilation d'Adriana avec Francesca s'explique par leur surnom de Ferrarese (la Ferraraise). On sait aujourd'hui qu'une foule de chanteuses partageaient ce sobriquet (tout comme il y eu moult Romanina, Mantovanina, etc.), mais à une certaine époque, on ne connaissait qu'Adriana Ferrarese (voir ce nom), collaboratrice de Mozart.
Le contexte a aussi encouragé une assimilation abusive : en effet Francesca Gabrieli est pensionnaire à l'ospedale dei Poveri Derelitti (Ospedaletto). Adriana est aussi dans un ospedale vénitien, mais il s'agit des Mendicanti. En outre, la première est contralto, et la seconde soprano. Qu'à cela ne tienne, on lui prête aussi souvent les louanges écrites par Burney au sujet d'une autre soprano de l'Ospedaletto surnommée Ferrarese, Ippolita Santi !
Francesca est admise à l'hospice des Derelitti à l'époque où l'on privilégie le recrutement de filles relativement âgées (parfois plus de 20 ans). Elle est encore adolescente lorsqu'elle débute dans un premier oratorio latin, spécialité des établissements de charité vénitiens, en 1764. En 1766, elle donne Rex salomon de Traetta, où se produisent deux gloires établies (Vendramin, Messana) mais aussi la nouvelle générations, partenaires fidèles de Francesca pendant des années : Laura Conti, Marina Frari et Domenica Pasquati. Dorénavant, la contralto est l'une des principales solistes de tous les oratorios offerts, d'autant que l'hospice manque de voix de cette tessiture.
En 1770, lors d'un concert où l'on joue Macchabaeorum mater de Sacchini, le musicographe Charles Burney est présent :
il y avait six chanteuses, le rôle de première chanteuse était tenu par Francesca Gabrieli. L'oratorio était divisé en deux parties : la première était déjà terminée lorsque j'arrivais, ce que je regrettais, car ce qui restait m'a totalement ravi et ce tant au niveau de la composition, qui était excellente, que du chant d'un mérite infini. Lorsque j'entrai dans l'église, la Ferrarese [sans doute Gabrieli] exécutait admirablement le récitatif d'une façon unique ; il se terminait par un morceau de bravoure, avec une seconde partie pathétique dans le style des oratorio de Jomelli, mais très éloigné de celui de ses airs ; il y avait également un récitatif assez lent chanté par Laura Conti, qui ne possédait pas une voix très puissante ; plus une voix d'opéra de chambre ; mais son expression d'un goût exquis m'a charmé. [...] Les chants que j'avais entendus à l'hôpital ce soir là, tout comme ceux des Incurabili, j'en suis certain, auraient été fortement applaudis dans le plus grand des opéras d'Europe.
Après avoir servi Traetta et Sacchini, c'est au maestro Anfossi que la contralto prête ses talents. Tous ces auteurs lui laissent évidemment des motets et psaumes, qu'elle interprète seule ou avec les sopranos locaux. On peut citer le David contra Philisthaeos de 1775 dans lequel Gabrieli incarne Saül. Mais elle n'est plus présente en 1778, après la crise des hospices entraînée par la faillite des Incurabili. Elle se marie probablement, ou se retire dans un couvent. Il n'est pas non plus impossible qu'elle ait embrassé une carrière théâtrale – malgré l'interdiction, outrepassée par d'autres à cette époque –, mais c'est difficile à vérifier du fait des nombreuses confusions entre chanteuses entretenues dans la littérature.
Fétis en fait la maîtresse de Sacchini, et Louis Gabriel Michaud affirme dans sa Biographie universelle et moderne qu'elle est surnommée Gabriellina et débute à l'opéra à Venise dès 1774, ce qui est extrêmement peu probable, poursuit à Londres (il s'agit en fait d'Adriana Ferrarese) et dispose d'un soprano léger (plutôt comme Caterina Gabrielli ou Ippolita Santi). Cette Gabriellina ressemble à une chimère faite de la biographie de plusieurs chanteuses !