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Pasquale POTENZA

ca 1730 – 1813

dit Pasqualino

Aussi [Pasqual] [Pasquali]

Cet habile soprano ne s'impose pas toujours comme un interprète de premier rang, mais mène tout de même une belle carrière dans les premiers rôles, à l'échelle européenne.
Potenza débute comme secondo uomo en 1747, par exemple dans Pelopida d'Abos avec Elisi et le ténor Albuzzi. La même année, il chante à Naples, qui est peut-être sa ville natale, dans Artemisia de Jommelli en 1747 avec Manzuoli et Gizziello. On le retrouve ensuite à Ancône et Palerme : dans la cité sicilienne, il accède déjà aux premiers rôles (Arianna e Teseo de De Majo).
Pasquale PotenzaPasquale est dans la Sérénissime en 1750 pour le rôle titre d'Imeneo in Atene de Terradellas avec Maddalena Parigi, et après de nouvelles prestations romaines, en 1751, le voici à Livourne en César dans Catone in Utica de Latilla avec le jeune Raaff et la contralto Forcellini. Potenza séjourne à Vienne en 1753 où il enchante Métastase, qui écrit « Notre admirable Pasqualino séjourne à nouveau en ville, où l'excellence de son art et de ses manières est déjà bien connue ». En Italie, le castrat continue d'incarner les premiers rôles à Reggio, Parme, Venise, Alessandria, Padoue... On l'entend àTurin en 1755 puis 1756 avec Ottani et Masi Giura dans Solimano de Valentini ou encore Andromeda de Cocchi. L'une de ses partenaires de l'époque, Colomba Mattei, épouse du chanteur Trombetta, s'est vu confier la direction du King's Theatre de Londres et y appelle Pasquale Potenza à ses côtés en qualité de primo uomo.

Entre 1758 et 1760 environ, Potenza se produit donc dans la capitale britannique (et même à Oxford en juillet 1759) ; il est par exemple le Ciro riconosciuto de Cocchi. Flanqué de la Mattei et d'Angela Calori, il ne laisse pourtant guère une grande impression, et son secondo uomo le jeune et talentueux Tenducci finit par lui faire de l'ombre. C'est néanmoins Cornaggia qui le remplace à son départ d'Angleterre. Charles Burney juge Potenza « chanteur incertain, acteur affecté, avec plus de goût que de voix ». L'épouse du comte Cowper, commentant le pasticcio Solimano (1758), est peu séduite :
Signor Potenza chanta très souvent horriblement faux, mais bien peu d'auditeurs dans le public furent sensibles à cela. Je trouvai l'air Ombra cara très bien adapté à sa voix, et l'accompagnement lui permit de rester dans le ton.
En 1760, notre soprano chante à Venise dans L'Olimpiade de Sciroli et incarne Licida aux côtés du Megacle de Caselli. On l'entend à Livourne, Lucques, Gênes, Turin, Mantoue (dans un opera buffa)... Potenza passe par Vienne, où il rend visite au grand Metastasio, qui relate la rencontre à Farinelli :
Ses manières et sa conversation m'ont prouvé qu'il n'était pas une oie blanche et qu'il connaissait le monde. Je n'ai pas de doute sur ses mérites professionnels ; sa réputation et votre vénérable opinion me suffisent ; mais je n'ai pas eu le plaisir de l'entendre. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui en demander la faveur ; mais il s'est excusé, affirmant que sa voix n'étant pas en état, du fait de son voyage ; et je n'ai pas voulu insister, compte tenu des circonstances. Hier, il a dîné en ville à la villa du comte Durazzo, et sollicité par la maîtresse de maison, il a chanté. Comment pouvait-il résister au pouvoir de la beauté ?
Potenza ne demeure pas à Vienne et continue jusqu'à Prague, où il donne La Buona Figliuola de Piccinni ou encore Il Demofoonte (Galuppi ?) en 1763, puis à Stuttgart de 1764 à 1766 dans la troupe du Kapellmeister Jommelli où officie Maria Masi-Giura. Il y chante par exemple Il Vologeso et Il Re pastore avec le ténor Arcangelo Cortoni. Après d'autres incarnations en Italie, en 1769-70, Potenza se produit au concert Spirituel de Paris et remporte un grand succès dans le Stabat mater de Pergolesi en duo avec la Mingotti. Il paraît aussi à Munich en 1770 avec Camilla Mattei et le ténor local Guglielmo D'Ettore.

Le castrat devient ensuite cantor à la chapelle de San Marco à Venise (1769), ville où il enseigne également le chant, en particulier au ténor et compositeur Bernardo Mengozzi, tout en continuant de se produire au San Benedetto, notamment dans Solimano de Naumann en 1773. Sa dernière apparition connue date de 1777 comme primo uomo à Vérone, concluant trente ans de carrière scénique. Il continue de chanter à San Marco, figurant parmi les principaux sopranos jusqu'au début du siècle suivant, avec le castrat Catena, notamment dans des pages de Bertoni. Les registres de San Marco indiquent qu'il meurt le 22 février 1813.

Potenza était doté d'un soprano assez haut, d'une virtuosité raisonnable.

Ricimero Ricimero G. Calderara 1755 Turin
  M. Kriscak, orchestra della compagnia D'opera italiana dir. M. Benedetti – CD Nuova Era 2003
Il Vologeso Vologeso N. Jommelli 1766 Stuttgart
  Enregistrement au choix
Scipione in Cartagine Lucejo A. Sacchini 1770 Munich
> air Torbida a noi l'aurora M. Eder, orchestre baroque de Strasbourg dir. H. Kraus – CD Koch 1999